Je m’appelle Boo Agnes Gru, je suis une star et je représente un danger pour moi-même. Parmi la liste des faits qui me sont reprochés nous noterons une dépendance affective pathologique, un caractère excessif, ingérable et névrosé, des crises d’hystérie, de pleurs ou de cris, une dépression plus ou moins meublée par des achats compulsifs et des addictions nocives. Pour vous la faire courte, je bois trop, je fume trop, je baise trop, je dilapide mon patrimoine, je prends de la drogue et je vous emmerde. Non, allons, détendez-vous, ça c’était avant. L’équipe très compétente du centre qui s’est occupé de moi ces dernières années affirme que je suis guérie, que c’est de l’histoire ancienne, qu’ils m’ont réparée comme il se doit, cicatrices suturées et tutti quanti et que je suis fin prête pour replonger sous les projecteurs… Enfin, officiellement j’ai encore un sacré chemin à parcourir sur la voie de la rédemption mais entre vous et moi ces inepties, ça ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse, c’est de reprendre le cours de ma vie et celle-ci ne peut que rimer avec tapis rouges et films bankables juste parce que j’y joue. Alors je m’appelle Boo Anges Gru et je suis… un peu Jésus finalement. Après la traversée du désert. Non, attendez, il meurt après cet épisode, non ? Disons que je suis plus Jésus période agneau sacrifié mais de retour dans les bacs, ça c’est classe comme métaphore. Je redescends des cieux pour vous nimber de ma céleste présence. Et pitié, ne faites pas cette tête, c’est aussi une plaisanterie. J’ai beaucoup d’humour et d’autodérision, ce n’est pas ma faute si les médias si premier degré l’occultent. Ma vie à l’heure d’aujourd’hui n’est pas très reluisante, j’ai perdu les meilleures années de mon existence à prendre des cachets, à expier mes péchés et à être en manque d’à peu près tout ce que j’aime, tout ça parce que j’ai attenté à mes jours. Déjà, c’est une connerie monumentale : je ne voulais pas mourir. Pas vraiment, j’étais seulement dévastée par cette fichue histoire de prix pour la meilleur actrice que j’aurais dû gagner. A la base, j’avais prévu un coup d’éclat minable comme me taillader les cheveux, vous voyez le genre. Et puis je ne sais pas, j’ai été exaspérée. Giordano, mon fiancé de l’époque et plus mollusque que lumière me fixait avec son regard bovin pour me demander si ça allait alors que non, ça n’allait pas, c’était assez évident que j’étais à la fois déçue, triste pour une raison qui m’échappait et surtout très en colère.
Alors j’ai changé d’avis, j’ai voulu du sensationnel, du pathos, envoyer un message à tous ces rapaces de la presse, ces sales vautours qui m’ont lapidée à vue quand j’ai eu besoin de soutien, qui m’ont jugée et salie alors que j’étais fragilisée par une rupture douloureuse et un passage à vide. Je voulais qu’ils se sentent coupables, qu’ils regrettent, comprennent qu’on ne peut pas harceler constamment les gens, même les personnages publics parce que merde, ils ne nous appartiennent pas. Alors oui, je me suis payée la plus grande suite, une bouteille de champagne et après une préparation minutieuse pour être une sacrifiée désirable, j’ai pu m’ouvrir les veines dans un bain moussant à douze mille dollars. Mais mourir, vraiment ? Non, jamais. La preuve ? Regardez mes poignets, ils sont immaculés. C’était une entaille superficielle, dans le mauvais sens en plus, par choix. Bien sûr, j’étais ivre, positive à la cocaïne et ça a été le branle-bas de combat. Mais je n’aurais jamais appelé ma sœur, puis mes parents si j’espérais vraiment en finir, qui ferait ça ? Une idiote et ne vous en déplaise, je suis loin d’être stupide. Voilà, ce misérable accident a sonné la fin de ma carrière, mise à mal par des années de scandales plus ou moins exagérés dont cette sextape malheureuse et maintenant, ma vie est vraiment d'une vacuité sans nom. Parce que je ne sais faire que ça : incarner des personnages, répondre à des interviews, sourire, enchaîner des photoshoots et suer sur des machines pour qu'aucun journaliste ne trouve du capiton à entourer de rouge pour m'humilier. Alors c'est bien, je suis soi-disant guérie, je vais soi-disant mieux, c'est merveilleux, mais pourquoi ? Revenir à une existence aseptisée, banale comme tous mes concitoyens ? Euh, cette vie je ne l'ai jamais eue et je n'ai aucune envie de la découvrir. J'ai été propulsée sur le devant de la scène très tôt et pourtant, je venais de loin. Qu’on se le dise tout de suite, je suis plus Jenny from the Block que le Prince du Bel-Air même si j’ai un peu honte de mon taudis d’enfance. J’ai grandi dans ce que Arcadia engendre de pire, une misère sociale assez triste sur laquelle je ne me suis pourtant jamais apitoyée parce que je ne réalisais pas que c’était anormal, ces baraques décrépies et ces types faméliques tous plus ou moins consanguins qui erraient entre deux carcasses de voitures.
A croire qu’on bouffait de la tôle, tant y en avait partout. Mes parents, derrière leurs allures un peu beauf élevés au grain McDo et collés devant la télé le reste du temps ne sont pas stupides et quand ma mère a accouché de jumelles hyper mignonnes, ils ont flairé le filon. Des gamines jolies comme des cœur, c’est la clef du succès. C’est ainsi que je suis devenue ce que je suis aujourd’hui : une star. Ne me regardez pas comme ça, j’élude mais c’est la vérité. J’ai commencé avec les concours de Mini-miss ringards à souhait où je brillais, littéralement. N’importe quelle gosse paraissait effacée face à moi et je raflais tout, faisant le bonheur de ma mère en pleurs devant tant d’émotions. Puis j’ai tourné dans des publicités, on me faisait vendre des yaourts, des gâteaux, du shampooing qui-ne-pique-pas-les-yeux et je dégageais un truc, vraiment. Pas ma soeur, qui ne passait jamais les phases finales. C’est con parce que ma sœur bossait très dur là où j’en foutais pas une. C’est son problème, ça a toujours été son problème. Je l’adore mais elle est trop sérieuse, un brin boring, elle n’est pas magnétique. Elle n’a pas le truc. Alors que moi, je pénètre quelque part, je minaude sans avoir l’air d’y toucher et le monde se glisse entre mes doigts. C’est ainsi que Boo Gru est devenue une vedette du petit écran, une mannequin, puis une actrice louée pour son talent quand ma soeur a suivi des études de lettres et une vie chiante à souhait. Ma vie, c’est le cinéma, c’est aussi simple que ça. L'industrie Cinématographique m'a enfantée, il m'a aussi corrigée, punie, rejetée mais aujourd'hui je suis prête à tout lui pardonner pour revenir telle l'enfant prodige.
CARACTÈRE: Attachiante... peut-être. J'en sais rien, je ne suis que qualités alors c'est un peu difficile d'en extraire une du canevas. Mais je pense que ça, ça résume bien mon côté solaire et social butterfly, charismatique et divertissante. J'attire à moi, toujours, les regards, les sentiments les plus forts qu'ils soient positifs ou négatifs, l'amour ou l'envie. On m'aime ou on me déteste mais en tout cas, quand je rentre dans une pièce soyez-en sûrs : je l'illumine vachement mieux que votre petit soleil ridicule. DÉFAUT MAJEUR : Je suis égocentrique, c'est le mal du siècle mais ce n'est pas si méchant. Je ne suis pas tout à fait égoïste, disons que je m'intéresse à autrui mais j'ai besoin que lui, en échange, soit captivé par moi. Non, fasciné pour être tout à fait honnête. J'adore graviter dans un cercle d'admirateurs, recevoir des lettres de fans et entendre des compliments, je suis comme ça. Un vrai vampire social qui se gorge de l'attention, de l'affection qu'on lui porte jusqu'à l’écœurement. Quand j'en ai pas suffisamment, ça me rend dingue. J'ai toujours été comme ça, à réclamer de l'attention comme d'autres veulent de la coke.
Lorsque je suis en pleine crise de nerfs, je réalise combien je suis vaine ou comme j’ai l’air ingrate et ridicule. Je le vois, je l’entends mais je ne sais pas m’arrêter, je suis incapable de mettre un terme à mes conneries. Je suis excessive, c’est l’adjectif qui me qualifie. Excessive dans l’amour qui me transforme en une espèce de poupée un peu chaude qui dit oui à tout, quelque part entre une call-girl et bobonne derrière les fourneaux, excessive dans le travail où je suis habitée par mes rôles jusqu’à en être terriblement irritable, excessive dans tout. Dans les joies, les célébrations, les éclats de rire mais aussi dans le chagrin, le spleen qui vient de nulle part ou des colères noires qui emportent tout sur leur passage parfois pour rien, une connerie. Je suis explosive, en réalité. Souvent c’est une bonne chose, on dit de moi que je suis lumineuse, exaltée et exaltante, que je possède une vitalité contagieuse et une volonté de fer, que je peux tout accomplir et que mon rire est communicatif. Que je suis finalement plutôt simple, pour une star, que je ne me prends pas trop au sérieux et que je n’ai pas le melon. C’est vrai que généralement, à l’extérieur je suis plutôt solaire.
Je suis ce que l’on appelle une névrosée, j’ai des insécurités gigantesques nées on ne sait comment que je dissimule en fanfaronnant et en jouant au cliché de la it-girl frivole et stupide. J’ai besoin qu’on m’aime, qu’on m’admire, qu’on s’intéresse à moi, en permanence. C’est de pire en pire, même après des années de thérapie, des millions de fans, d’amour, de succès et le reste. Je suis insupportable, en réalité, mais en dépit de ça, je reste une personnalité attirante, la flamme contre laquelle les papillons viennent mourir. Mes parents diraient que je suis forte et humble, toujours aussi fraîche et émouvante mais ils sont à la fois ma famille et mon staff alors question objectivité, on repassera. Ma soeur dirait que je suis très fragile, trop fragile pour ce milieu et qu’il m’a complètement broyée, que je suis à deux doigts de fêlure de trop. Mais ma sœur n’est pas non plus objective, elle a une tendance mère pondeuse et en plus elle déteste ce milieu hypocrite et pourri.
Jacob, mon tout premier fiancé et amour de jeunesse, dirait que je suis un ange, Aiden, le chanteur vedette qui fut mon second fiancé, me comparerait avec une météorite ou une étoile filante, le genre de métaphore juste bonne pour des balades romantiques, Antoine balancerait que je suis cinglée complet et Giordano, le mannequin que je fréquentais sur la fin, avant de me faire soigner… je l’ignore, il ne semblait pas bien au fait de mon état. Je pense qu’il aurait employé le terme d’irascible, s’il en avait connu la définition. Et ils ont sans doute à la fois tort et raison. Ma personnalité, c’est une flamme. Maîtrisée, elle réchauffe et se montre plutôt bienveillante, mais quand elle dérape, c’est l’incendie vorace. Et elle a été en roue libre des années durant, je vous laisse donc en tirer les conclusions qui s’imposent.
Luxray: SpaceStar est mauvais, SpaceStar est voleur, SpaceStar est capricieux, SpaceStar est comme toi selon ta soeur. Une sale bête au sang pourri, toujours a la recherche des projecteurs et de l’attention d'autrui. C'est sûrement la raison pour laquelle tu t'entends à la perfection avec lui, c'est sûrement la raison pour laquelle vos deux compagnies s'accordent parfaitement. Vous êtes le yin et le yang, deux faces complémentaires du même univers, deux esprits que l'on associe constamment l'un à l'autre même en les ayant séparés de corps. Tu l'aimes, cette sale bête. Elle est comme toi. Depuis que tu as douze ans qu'il est a tes cotés.
Anecdote
✵ Mon endroit préféré sur terre ? Un tapis rouge. Peu importe lequel tant que je porte une robe sculpturale d’un grand créateur, des bijoux étincelants et que les flashs des photographes crépitent sur ma peau.
✵ Ca m’a pris des années à récupérer mon corps de bombe au lieu d’une silhouette affamée façon désespérée en grève de la faim.
✵ Je n’attends que ça, de me faire charmer. J’adore. J’adore être séduite, qu’on me drague, qu’on me complimente. J’aime les hommes subtils mais aussi les francs, les beaux et même les petits moches qui se rattrapent en déployant des trésors d’imagination et de gentillesse, je ne suis pas difficile. J’aime bien l’amour, j’aime qu’on m’aime ça c’est certain. Et j’apprécie d’aimer en retour, pas toujours pour les bonnes raisons : je crois que je suis tout simplement incapable de vivre seule.
✵ Je cuisine tous les jours des fruits et légumes frais pour mon bien-être. J'ai tendance à être végane, mais je suis plus végétarienne depuis quelques temps. Mais je ne peux pas résister de temps en temps à un bon hamburger avec un steak bien juteux. Mais je sais avoir une alimentation équilibrée pour le bon fonctionnement de mon corps.